miércoles, 14 de marzo de 2018

LES VIOLENCES SEXUELLES EN POLITIQUE




J: Isabelle Thieuleux, bonjour.

Isabelle: bonjour.

 j: Vous êtes avocate et membre du Collectif national pour les droits des femmes. Est-ce que le cas Baupin est représentatif finalement de l'attitude de certains hommes dans le monde politique  Français ?

Isabelle: Oui, il est représentatif no pas de l'attitude de tous les hommes politiques Français.

j: j'ai bien dit de certains.

Isabelle: Bien évidemment, ça n'est pas la première fois qu'un homme politique est dénoncé publiquement sur des violences à caractère sexuel mais on a vraiment l'impression qu'à chaque fois cela recommence et qu'on ne tire pas les leçons 
(Uno tiene la impresión de que cada vez eso recomienza y no se sacan las lecciones) des expériences passées.

J: Est-ce que le fait que les députées étaient huit à dénoncer 
(el hecho de que las diputadas denunciantes eran 8)
 ces faits a permis finalement d'aller plus loin? 

Isabelle: Je pense effectivement que, quand on a des dénonciations qui sont collectives, des femmes qui se connaissent entre elles ou qui ne se connaissent pas entre elles, ça apporte bien évidemment un poids (un peso)qui est très particulier et qui fait la force de la dénonciation. Mais ce qui est en même temps très malheureux à dire, c'est comme si la parole d'une seule victime, la parole d'une seule femme, ne suffisait pas. ça, c'est gravissime.

J: On l'a  vu récemment dans l'actualité avec le ministre israélien de la défense qui a dû démissionner en décembre dernier après des révélations sur sa conduite par dix femmes, donc finalement, c'est le groupe qui fait la force.

Isabelle: C'est le groupe qui fait la force, d'abord parce que les femmes vont se solidariser entre elles, mais qu'elles vont aussi avoir des récits
(historias )de violences très personnalisés, puisque chacune vit des expériences différentes, et en même temps, des récits qui vont permettre d'établir des points communs qui relèvent du mode opératoire de l'agresseur. Ce sont à la fois ces différences et ces points communs qui vont permettre de donner beaucoup de crédit aux dénonciations.

J: Alors, pourquoi cette omerta en France du côté des femmes qui finalement s'adaptent au monde politique plutôt qu'elles ne dénoncent pas ces pratiques et du côté des hommes chez lesquels il y a une certaine solidarité finalement avec leurs comparses masculins?

Isabelle: oui, il y a une certaine solidarité. C'est vrai qu'on aimerait avoir encore plus d'hommes..evidemment, tous les hommes ne sont pas des agresseurs sexuels. On aurait besoin d'avoir plus de parole publique, de positionnements publics de la part des hommes, qui viennent dénoncer ces agresseurs dans leurs rangs ça apporterait un peu plus de poids: et pour les femmes c'est extraordinairement difficile puisque prendre le risque de dénoncer, c'est prendre le risque de ne pas être crue
 (de no ser creída).
 Lorsqu'elles se taisent, et il ne faut pas blâmer (no hace falta culpar a las víctimas)les victimes lorsqu'elles se taisent, c'est aussi parce qu'elles ont raison de penser qu'on va mettre leur parole en doute et qu'il ne se passera probablement rien, en tout cas très peu de choses, que ce soit en termes judiciaires ou autres, comme conséquences de ces dénonciations , à partir du moment où on a une dénonciation, une mise en cause d'un personnage public, que les partis prennent leurs responsabilités et s'abstiennent d'eux-mêmes de présenter la candidature de ces personnes qui sont mises en cause publiquement.

J: On a l'impression qu'il y a quelque chose qui relève de la culture en France par rapport à ces faits.

Isabelle: Il y a quelque chose d'un petit peu français où on continue de ne pas vouloir identifier les violences pour ce qu'elles sont, à savoir des actes d'agression, mais qu'on est encore toujours dans la confusion entre la séduction, le jeu amoureux, la blague qui n'est pas comprise, voilà; d'une part, les propos graveleux, etc. Comme ceux qui ont été dénoncés, qui de par leur caractère répétitif relèvent d'un harcèlement à caractère sexuel. On a aussi les agressions sexuelles où là le fait d'avoir un contact physique commis par contrainte, contrainte qui peut être physique mais également morale et là c'est lié à la position d'autorité que peuvent avoir les hommes politiques . On est vraiment sur deux infractions différentes  mais strictement établies par la loi qui peuvent permettre des poursuites et des condamnations.

J: c'est-à-dire que finalement ils se sentent protégés, au-dessus des lois d'une certaine façon.

Isabelle: Bien sur, il y a un sentiment d'impunité qui fait qu'ils se croient tout permis.

J: Pourquoi cette absence de volonté politique, finalement,  en France pour lutter contre ces violences faites aux femmes, d'aller plus loin ?

Isabelle: Il y a quelque chose qui relève de l'universel puisque les violences faites aux femmes, bien évidemment, c'est commis (comprometido) partout.

J: En Europe du nord, ce type d'événements est rarissime.

Isabelle: parce qu'en Europe du Nord, on a une culture  de l'égalité femmes-hommes qui n'est pas une culture française efectivement, Il y a plus de femmes en politique. On a une culture de la prévention, une culture de  l'égalité dès le plus jeune âge. ça fait vraiment partie de l'éducation des enfants. Quand on voit à quel point chez nous, il est difficile de mettre en place des programmes d'éducation à l'égalité filles-garçons , et le tollé (la protesta) que ça engendre, éfectivement, c'est parmi la source, le terreau qui fait que ce type de violences est encore commis largement avec une certain impunité.

J: Merci beaucoup, Isabelle Thieuleux pour cet éclairage (iluminación).

Isabelle. Merci à vous.

J: Je rappele que vous êtes avocate et membre du collectif national pour les droits des femmes, merci.